Techniques
Lancers, cannes et soies à privilégier
La pêche à la mouche est un art. La technique de pêche à la mouche au saumon requiert par surcroit des connaissances spécifiques et l’équipement adéquat pour capturer le roi de nos rivières.
Considérant la combativité légendaire du saumon ainsi que les conditions dans lesquelles ce sport se pratique (eaux basses ou hautes, rivières étroites ou larges, etc.) le pêcheur doit utiliser le matériel requis pour obtenir le maximum de satisfaction. Il existe sur le marché une multitude de cannes, de moulinets, de soies, de bas de ligne, de bottes, de vêtements et d’accessoires divers.
La présente section vous présente des articles parus dans le Magazine Saumon sur différents sujets concernant l’équipement. D’autres articles s’ajouteront régulièrement sur ce site pour vous donner le maximum d’informations afin d’optimiser vos sorties de pêche au saumon.
LE LANCER OVALE
Texte : Jean-Pierre Martin
Photos : Jimmy Voyer
Instructeur certifé : Wulff school of fly fishing
Dans le numéro d’hiver 2011 du magazine Saumons illimités, j’ai présenté un article expliquant les principes du lancer à la mouche. Ces principes du lancer sont des notions assez abstraites, mais voici la suite de cet article qui traite concrètement de lancer et plus particulièrement du lancer ovale et de ses applications.
La grande majorité des pêcheurs lance toujours de la même manière, peu importe les circonstances. Or, il y a une grande variété de situations de pêche et un seul lancer ne peut toutes les couvrir.
Le premier réflexe lorsqu’on est confronté à une limite de performance ou d’habileté est souvent de penser à se procurer un nouvel équipement, mais une solution simple et surtout moins onéreuse est à la portée de tous : élargir le répertoire de lancers. Le lancer ovale arrive en tête des techniques que tous pêcheurs devraient maitriser. Ce lancer méconnu est non seulement la solution idéale à bien des problèmes que les saumoniers rencontrent, mais représente la façon la plus simple d’apprendre et de perfectionner le lancer à la mouche. La plus grande difficulté est d’accepter de sortir de ses habitudes et d’expérimenter autre chose.
Voici un résumé des principes du lancer et des éléments de G.B.S. (Gros Bon Sens) tel que je les ai développés avec le temps. Les références à ces notions seront signalées lorsqu’elles s’appliqueront dans la description des lancers.
LA PLUS GRANDE DIFFICULTÉ EST D’ACCEPTER DE SORTIR DE SES HABITUDES ET EXPÉRIMENTER AUTRE CHOSE.
Lancer ovale c. lancer vertical
Le lancer vertical classique (overhead) est celui que l’on voit la majorité du temps sur nos rivières. Si les pêcheurs l’utilisent presque exclusivement, c’est généralement parce que c’est le seul qu’ils connaissent. Il a bien servi les saumoniers et son utilité est reconnue, mais comparé au lancer ovale, il arrive au second rang. En effet, le lancer ovale est plus facile à apprendre et à maitriser, plus utile en situation de pêche et, avec ses nombreuses variations, on accède à toute une variété de lancers, dont les fameux lancers spey.
Une des principales causes de difficulté du lancer vertical est la perte de tension sur la soie vers l’arrière. Ce manque de tension généralement causé par un mauvais départ déclenche l’action réflexe d’accélérer et de mettre plus de force dans le lancer dans le but de reprendre le contrôle. C’est une réaction automatique qui s’observe autant chez le lanceur expérimenté que chez le débutant. Il s’ensuit toute une série de corrections qui, si elles permettent de sauver le lancer, ne contraignent pas moins la performance et la facilité d’exécution. Le résultat en fin de compte est rarement positif.
Sentir la tension sur la soie (1er principe) est un élément essentiel pour bien exécuter un lancer. Or, dans le lancer ovale, la soie reste sous tension du début jusqu’à l’étape de la présentation. Ce détail (tension constante) est important parce qu’il permet d’apprendre à sentir et à maitriser cet élément clé, ce qui facilitera l’apprentissage de tous les autres lancers.
Je suis convaincu que d’apprendre à lancer à la mouche en commençant avec le lancer vertical est un non-sens ou à tout le moins un apprentissage à la dure. La séquence logique serait plutôt celle-ci : lancer roulé, lancer ovale et, finalement, lancer roulé dynamique. Chacun de ces lancers essentiels représente une étape vers la maitrise du lancer à la mouche. En fait, il s’agit de trois variations d’un même mouvement, ce qui facilite encore une fois l’apprentissage.
Une fois que l’on maitrise ces trois lancers, à moins d’être un adepte des compétitions de lancers de distance extrême, le lancer vertical perd de son intérêt.
Le lancer roulé
Il y a deux types de lancers roulés : le lancer roulé statique et le lancer roulé dynamique ou « switch cast ». Le premier est le lancer roulé classique que tout le monde connait. Le deuxième sera abordé après le lancer ovale.
Le lancer roulé classique nous permet de pêcher lorsqu’il y a un manque d’espace derrière. Son utilité est indéniable et grandement sous-estimée. En effet, la plupart des pêcheurs ne l’utilisent que lorsqu’ils n’ont pas le choix. Deux raisons expliquent ce phénomène. Premièrement, peu de gens sont en mesure de l’exécuter correctement. Au départ, la distance qu’il est possible d’atteindre avec ce lancer étant limitée, le lancer roulé devient souvent une solution de dernier recours. Deuxièmement, on oublie ou ignore tout ce qu’on peut développer à partir de cette technique.
Un des avantages importants du lancer roulé est qu’il représente la façon la plus simple d’apprendre non seulement le lancer ovale, mais tous les autres lancers.
Le fait que la première partie du lancer se fasse au ralenti, on n’est pas confronté au problème de mettre trop ou pas assez d’énergie dans le mouvement. On a le temps de corriger la trajectoire au besoin et de bien se préparer pour le lancer avant, mouvement qui est semblable pour tous les lancers.
Enfin, le lancer roulé est le lancer à faire lorsqu’on a un vent de dos (GBS no. 1). Plus il vente, plus il est facile et performant.
Exécution correcte
Voici quelques notions qui permettent de bien exécuter le lancer roulé :
- Amener la main qui tient la canne doucement à la hauteur des yeux dans un mouvement circulaire sur le côté. On pourrait monter la main directement, mais la trajectoire courbe est préférable : elle dégage et éloigne la soie et ce mouvement circulaire sera utile plus tard pour les lancers ovales et « switch ». La mouche ne quitte pas l’eau dans cette première étape.
- Une bonne habitude à développer est de lever le scion de la canne au départ avant de faire le déplacement latéral. Cette action va avoir une importance pour la suite, car la hauteur à laquelle on lève va influencer l’emplacement de la soie retombe sur l’eau (l’ancrage) lors des lancers roulés dynamiques.
- Abaisser la canne en tirant jusqu’à un angle de 45°. Cette action de tirer la canne vers le bas est beaucoup plus efficace que le mouvement de pousser vers l’avant (GBS no : 2). L’arrêt à 45° est important pour projeter la soie vers l’avant et non vers l’eau.
- Un principe à respecter dans le lancer roulé est d’avoir la cible dans le prolongement d’une ligne droite entre la mouche sur l’eau et la boucle arrière. Lorsque ces trois éléments ne sont pas en ligne, il y a une perte d’efficacité.
- Une fois que le lancer de base est compris, l’étape suivante consiste à intégrer des variations qui rapidement deviendront indispensables. Une grande partie du plaisir de lancer consiste à jouer avec toutes ces possibilités.
- Lancer du revers. Il y a des situations où le lancer du revers est la meilleure option et parfois, la seule. Noter que le revers se fait très bien en tirant sur la canne alors que c’est totalement inefficace en poussant.
- Avec ou sans traction. Le lancer roulé est l’outil idéal pour apprendre à faire une traction sur la soie. Sur le lancer avant, on a tout le temps pour bien sentir et synchroniser le mouvement.
- Varier les angles. Parmi tous les plans possibles, le lancer roulé à l’horizontale est particulièrement utile pour lancer avec un vent de face (1er GBS).
Le lancer ovale
Ce lancer n’est pas nouveau, il a été popularisé en Europe à partir des années 30 par Hans Gebetsroither et le lanceur de distance belge Albert Godart, d’où l’appellation « Belgian cast ». Aux États-Unis, presque toutes les célébrités l’ont utilisé. Lee Wulff, dans la vidéo tournée vers la fin de sa vie Lee Wulff on the Beaverkill, utilise presque exclusivement ce lancer. La gestuelle du lancer ovale est identique à celle du lancer roulé. Il n’y a qu’une petite variation de la vitesse d’exécution dans la première étape du lancer (4e principe). On n’apprend pas deux lancers, mais bien une seule et unique technique que l’on développe. En mettant légèrement plus d’énergie dans le mouvement, la soie quitte l’eau totalement lors du lancer arrière. La soie voyage sous le scion de la canne dans le lancer arrière et au-dessus pour le lancer avant. Le bout de la canne, et par conséquent la soie, trace un ovale (3e principe). Voilà une façon simple, mais tout à fait exacte de décrire et d’exécuter ce lancer. Garder la soie sous le scion nécessite moins d’énergie dans le lancer et permet une exécution plus lente.
Parmi les avantages du lancer ovale, on a déjà mentionné que la soie reste sous tension durant tout le lancer. À cause de la grande boucle arrière, le mouvement est beaucoup plus fluide et il n’y a pas de « passage à vide » entre le lancer arrière et le lancer avant. La transition se fait tout en douceur, ce qui élimine la tendance à forcer le mouvement, rend le lancer très agréable et facilite grandement l’apprentissage.
Notons au passage que ce lancer n’a pas son pareil pour lancer des grosses mouches lourdes. Un argument qui à lui seul vaut tous les autres : avec le lancer ovale, la mouche suit la pente de la grève derrière soi et lorsqu’elle change de direction en arrière, elle monte plutôt que de descendre. Qui n’a pas brisé sa mouche ou plutôt ses mouches sur les roches derrière? Avec le lancer ovale, adieu ces frustrations et ce temps perdu à changer des mouches abimées.
Dans le même thème, le nombre de mouches perdues dans les arbres peut être grandement réduit. Plutôt que de faire l’ovale dans un plan vertical, on le fait dans un plan oblique en revenant en avant du côté du revers. Cette simple petite variation au lancer ovale, si on ralentit le mouvement, peut nous permettre de prospecter dans les espaces très réduits. Et, puisque la mouche reste dans les airs, ce n’est pas un lancer roulé ou « spey ».
Une fois le lancer ovale compris, on peut y intégrer les variations décrites dans le lancer roulé. À celles-ci, on en ajoute quelques autres :
- Varier la vitesse d’exécution
- Ajouter une traction vers l’arrière
- Faire une boucle en V (« V-loop »)
La boucle en V?
Dans le lancer roulé statique, une fois que la canne est en position levée et prête à faire le lancer avant, la soie à l’arrêt forme un D d’où le nom boucle en D.
Dans le lancer ovale, la boucle vers l’arrière va être plus allongée, mais va garder le nom de boucle en D à cause de la grande courbe dans la soie. On peut modifier cette boucle pour lui donner plus d’énergie. Si le mouvement vers l’arrière est continu (sans arrêt), elle sera ronde. Par contre, si on fait un arrêt, elle sera plus ou moins pointue selon la netteté de cet arrêt. On l’appelle alors boucle en V. Cette boucle est plus dynamique et favorise la flexion de la canne lors du lancer avant.
Dans l’exécution du lancer ovale, il est important d’obtenir une bonne trajectoire dans la première phase du lancer. Parfois, la boucle arrière n’est pas en ligne droite avec le lancer avant. Cette situation souvent indésirable peut toutefois devenir un avantage lorsque vient le temps de faire un changement de direction en lancer ovale. La description de ce mouvement étant assez complexe, les lecteurs sont invités à visionner la vidéo prochainement accessible sur le site Web de la FQSA à fqsa.ca.
Lancer roulé dynamique ou « switch cast »
Dans la première phase du lancer roulé statique, la soie ne quitte pas l’eau. Dans le lancer ovale, elle quitte l’eau complètement. Le lancer roulé dynamique se situe exactement entre les deux. La soie sort de l’eau, mais y retombe un court instant juste avant de faire le lancer avant. C’est ce qu’on appelle l’ancrage. Le mouvement est semblable aux deux premiers lancers, on ne fait que varier l’intensité du lancer arrière. À moins d’avoir un fort vent de dos, le lancer roulé dynamique est la seule façon de faire un lancer roulé de longue distance.
Ce qui empêche le lancer roulé d’être efficace à moyenne et longue distance, c’est le fait que plus il y a de soie dans l’eau, plus il y a de succion sur la soie. Presque toute la puissance du lancer sert à sortir la soie de l’eau et il ne reste plus beaucoup d’énergie pour propulser la soie vers l’avant. Si on ajoute le fait que la soie est immobile au départ donc qu’elle a peu d’énergie, on atteint rapidement la limite. Avec le lancer roulé dynamique, on règle ces deux problèmes.
D’une part, comme la boucle arrière est en mouvement, elle possède une énergie cinétique plus grande, ce qui facilite le lancer avant. D’autre part, la résistance de la soie sur l’eau est réduite au minimum. Il n’y a que la mouche, le bas de ligne et peut être un peu de soie qui tombe sur l’eau. La principale difficulté de ce lancer est justement de bien placer cet ancrage. Son exécution demande une bonne maitrise des principes du lancer et particulièrement du 4e principe. La hauteur à laquelle on va lever la canne au départ, combinée à l’intensité du lancer, va influencer l’emplacement où le bas de ligne va retomber. Idéalement, cet ancrage devrait se situer à une longueur de canne du pêcheur.
Étant donné que le synchronisme doit être assez précis, ce lancer est de niveau intermédiaire. Heureusement, les habiletés que l’on a acquises en pratiquant les deux premières étapes (roulé et ovale) facilitent la transition et tout le temps que l’on a consacré à apprendre à diminuer et à bien doser l’énergie prend toute son importance. Les quelques difficultés de ce lancer n’ont d’égal que le plaisir que l’on ressent lorsqu’il est réussi. Comme pour le lancer ovale, on peut le faire avec ou sans traction, avec une boucle en D ou en V, du côté de la canne ou du revers.
Pratique
Une façon simple de pratiquer le lancer roulé dynamique est, comme le propose Simon Gamesworth dans son livre Single hand Spey casting, de faire un double lancer roulé. On commence par faire un lancer roulé classique, ce qui est à la portée de tous. Une fois que l’on est rendu à l’étape de l’arrêt à 45°, plutôt que projeter la soie en avant, sans arrêter la canne, on refait un deuxième lancer. On revient à la position main haute dans un mouvement circulaire. La mouche et le bas de ligne vont revenir vers l’arrière et se déposer sur l’eau devant soi. Aussitôt que le contact est fait, on repart pour une projection avant complète (avec ou sans traction, du revers, avec une boucle en D ou en V selon le désir).
Si on fait ce lancer en modifiant l’emplacement de l’ancrage pour changer un peu la direction, on entre de fait dans le spey sans douleur et sans même s’en apercevoir. Le lancer spey est simplement un lancer roulé dynamique avec un changement de direction. L’intérêt pour les lancers spey est grandement justifié. Une fois que l’on comprend son utilité, il devient indispensable. Mais pas besoin d’acheter un nouvel équipement parce que tous ces lancers s’exécutent avec une canne à une main. Les cannes à saumon ayant un pommeau de combat, on peut même utiliser les deux mains. Une fois l’aspect technique compris, on peut investir dans l’achat d’une canne plus longue si le cœur nous en dit. La popularité des lancers spey sera peut-être utile afin de reconnaitre l’importance du lancer ovale parce que la différence entre les deux est minime et, surtout, parce que la pratique du lancer ovale en est le meilleur entraînement.
LES SOIES 101 POUR LE SAUMON
Texte : Pascal Perreault
Aujourd’hui, l’évolution technologique touche la majorité des sports. Le sportif moderne est à l’affût des innovations et exige l’équipement spécifiquement adaptés à ses besoins. Ne faisant pas exception, celui du pêcheur à la mouche, particulièrement la soie, a bénéficié d’importantes avancées au fil des années. Sous cet aspect filiforme et circulaire se cachent maintenant d’impressionnants développements techniques.
Jusqu’à récemment, le choix d’une soie était limité à deux profils : « Double Taper (DT) » à double fuseau, pour présentations délicates à courte distance, puis « Weight Forward (WF)», à fuseau décentré vers l’avant, pour usage général. Aucun n’était précisément conçu pour un type de pêche, ou pour des espèces de poissons ainsi que des conditions de pêche. Aujourd’hui, le profil WF est majoritairement utilisé dans la conception des soies. Mais, considérant qu’il n’existe toujours pas une soie excellant dans toutes les situations, on retrouve maintenant ce profil WF décliné sous une multitude de variations aux performances optimisées selon des champs spécifiques. Il existe maintenant presque autant de types de soies que d’espèces de poissons convoitées. Afin de sélectionner judicieusement cette composante si cruciale, il importe de comprendre l’effet de la variation physique de chacune des parties qui en composent le profil. Nous ciblerons ici les soies flottantes pour cannes à une main en tentant de cerner certains avantages pour nos besoins spécifiques à nous, les adeptes de la pêche à la mouche du saumon atlantique.
Le rôle principal de la soie
La tête d’une soie représente une masse, qui, additionnée à l’accélération de la canne, charge cette dernière, créant une quantité d’énergie, principe semblable au chargement d’une catapulte ou d’un arc. La mouche, ne possédant pas une masse significative pour produire cette énergie, se doit d’être propulsée par un tel médium de transport. Au retour de la canne en flexion, l’énergie emmagasinée est transmise à la soie qui, elle, la transmet à la mouche par le biais d’un bas de ligne. Cette énergie cinétique est transférée et dissipée majoritairement selon le profil, il s’agit de la répartition du poids sur la tête. En résumé, cette chaîne de transfert d’énergie a comme objectif, le transport et la présentation optimale d’une mouche et ce, en minimisant l’effort physique du pêcheur.
Une soie à fuseau décentré vers l’avant (WF) est composée de quatre parties (Figure 1.0). Chacune d’elles varie en diamètre et en longueur pour l’obtention de performances spécifiques. À titre de référence au cours de cet article, les longueurs typiques pour chacune des parties d’une tête de soie WF-8 à usage général sont inscrites sur la Figure 1.0. En comparant ce type de soie chez la plupart des fabricants, on peut considérer ces valeurs comme un standard.
L’embout de la soie (Tip)
De 6 ou 12 pouces, il est toujours de diamètre égal sur sa longueur. Un embout long et fin est souvent sélectionné sur des soies de présentation. Sa géométrie influence le transfert d’énergie, donc la présentation de la mouche. Selon le fabricant, il peut comporter ou non à son extrémité une loupe préformée pour faciliter l’attache du bas de ligne.
Le fuseau avant (Front taper)
Ce fuseau, de par sa longueur et son diamètre, détermine la quantité d’énergie avec laquelle la soie se retourne et présente la mouche. Un long fuseau avant (Figure 2.0), exemple 18’, favorise une présentation délicate, précise et furtive en dissipant, de par sa finesse, davantage d’énergie transmise par le corps, la section la plus volumineuse de la soie. Le poids de la tête étant plus concentré vers l’arrière, il est tout indiqué avec l’utilisation de plus petites mouches, par vent léger, eau basse et lors de lancers Spey. Un tel fuseau produit de plus longues boucles (Figure 2.1A) et retarde le retournement de la mouche à distance en permettant à cette dernière de demeurer dans la boucle plus longtemps pendant son vol. C’est pourquoi, sur de longues têtes axées sur la distance et le contrôle, on retrouve régulièrement un fuseau avant allongé. Une soie qui se retourne hâtivement, ne demeurant pas dans la boucle jusqu’à l’objectif, affecte à coup sûr, la distance, la précision, la présentation et inévitablement, le succès de pêche. La soie semble terminer sa course mollement en planant vers la cible plutôt que de percer l’air comme une flèche. Un fuseau allongé n’est pas idéal pour la propulsion de mouches volumineuses.
Un fuseau avant court (Figure 2.2), exemple 4’, transmet l’énergie du corps en plus grande quantité jusqu’au bas de ligne. Avec un poids très concentré vers l’avant, ce fuseau agressif est tout indiqué pour la propulsion de mouches qui offrent une grande résistance dans l’air : «bombers», ces mouches qui réduisent la vitesse de la soie en affectant le chargement de la canne. Cette diminution de vélocité doit être compensée par un effort physique supplémentaire du lanceur. Un fuseau court performe au lancer de grosses noyées utilisées en début de saison, en conditions d’eau haute, par temps venteux, avec bouts flottants ou plongeants «polyleaders», et même avec de longs bas de ligne. Avec de grosses mouches, étant donné la traction dans l’air qu’elles exercent, ce fuseau n’aura pas tendance à se retourner hâtivement à longue distance. Par contre, avec de petites mouches, un fuseau court, puissant et chargé d’énergie, produira un rebondissement du bas de ligne et de la mouche en empêchant ce dernier d’atterrir sur l’eau droit et tendu; l’énergie n’ayant pas été assez dissipée. Allonger le bas de ligne aidera à atténuer ce rebond indésirable. L’inverse est également vrai. Lorsque la mouche a tendance à ne pas se retourner en s’échouant à côté du bas de ligne, diminuer la longueur de ce dernier est ici une première option à considérer.
Note: Pour optimiser le transfert d’énergie jusqu’à la mouche, il est recommandé d’utiliser un bas de ligne en fuseau (Tapered leader). Pour faire varier le temps de retournement de la mouche, ajouter ou diminuer par incrément d’environ 12 pouces le bout fin (Tippet) du bas de ligne, aura un effet immédiat sur la dissipation de l’énergie, donc sur la présentation.
En résumé, lorsque l’on songe à une soie tout usage pour le saumon, quelque part entre ces deux extrêmes de fuseaux avants, se retrouve assurément le meilleur compromis.
Le corps (Belly)
Le corps est généralement la section plus volumineuse et plus longue de la soie. Sa longueur influence la distance à laquelle la tête dévoile son plein potentiel en chargeant bien la canne, donc à partir de quelle distance de pêche elle excelle. Cette section représente la majeure partie du poids de la tête, c’est elle qui emmagasine et transporte le plus d’énergie lors du lancer. Sur un corps allongé, par exemple 35’, le poids est réparti sur plus long. De ce fait, il est à parier qu’une telle soie ne sera pas la plus efficace à courte distance vu la faible concentration de poids vers l’avant. Le plus souvent, le diamètre du corps est égal sur sa longueur (Figure 1.0), mais de plus en plus, le corps des soies se compose de différents diamètres, concentrant le poids vers l’avant ou l’arrière du corps, conférant à la soie en partie sa vocation. Par exemple, on retrouve des profils développés pour le lancer de mouches volumineuses et dans le vent, soies avec le poids très concentré vers l’avant (Figure 2.2). D’autres profils voient leur corps plus concentré vers l’arrière (Figure 2.0), favorisant la stabilité en vol, les lancers Spey (plus de poids à l’arrière, donc au bout de la canne) et de par un retournement retardé, la douceur de présentation. En général, ils sont moins performants pour la propulsion de grosses mouches et dans le vent.
Le fuseau arrière (Back Taper)
Cette section effectue la transition entre l’arrière du corps et la ligne de raccordement.
Un fuseau arrière court par exemple 3’, représente une diminution rapide de diamètre entre le corps et la ligne de raccordement. Cette transition abrupte crée une zone plus souple (Figure 2.2), fléchissant davantage lors de la propulsion de la soie, produisant une boucle plus serrée et plus de vitesse de ligne; même principe qu’avec une tête de lancer Spey couplée à une ligne de raccordement. Un tel combo est très performant pour atteindre de longues distances en laissant filer la tête hors de la canne « shooting ». Un fuseau arrière court favorise un lancer rapide certes, mais contraint le lanceur à ramener la soie par coups « stripping » et l’oblige à se relocaliser au même endroit sur la soie avant de relancer; ce qui diminue le temps de pêche. Il laisse moins de latitude au lanceur sur la quantité de soie pouvant être transportée dans les airs.
Un long fuseau arrière (Figure 2.3), exemple 20‘, est idéal pour la pêche au saumon atlantique pratiquée ici: Levée / Lancer « Pick up and Cast » de la soie sur un large éventail de distances, sans devoir la « stripper » avant de relancer. Il favorise le contrôle, la précision, la stabilité en vol et les lancers Spey. L’arraché de la soie à distance et les amendements sont aussi améliorés par une soie plus fine le long du fuseau, offrant moins de tirant d’eau lors de telles manœuvres. Ce long fuseau permet d’ajuster précisément les prochains lancers après chaque parade de la mouche, sur une multitude de distances, afin de bien quadriller une fosse, et ce sans laisser filer la soie « shooting ». Un long fuseau arrière permet d’effectuer la plupart des lancers avec le scion de la canne directement dans cette longue section variant en diamètre (Figure 2.3). Le fait de lancer avec le scion à l’intérieur ou près d’un changement de diamètre sur une tête (fuseau), aussi petit soit-il, peu importe le profil, favorise des boucles plus serrées (Figure 2.1A). Il en résulte une plus grande vitesse de soie, donc, un chargement accru de la canne permettant de limiter les faux lancers, de meilleures performances à distance et dans le vent. Un long fuseau arrière est indiqué pour le débutant qui pourra, tout au long de son évolution vers une plus longue distance, choisir la longueur de soie qui lui convient de lancer tout en conservant un bon chargement de sa canne.
La ligne de raccordement
(Running line)
Cette ligne prolonge l’arrière de la tête de la soie, déterminant ainsi sa longueur totale. Étant plus petite en diamètre et de poids négligeable, elle permet à la soie de mieux filer dans les anneaux lors de lancers à distance. Lorsque très fine, cette ligne favorise la distance au détriment du contrôle et de la manœuvrabilité. Plus grosse en diamètre, possédant une plus grande masse, elle préconise la manipulation, les changements de direction et les amendements. Parfait pour le saumonier. Par contre, étant légèrement plus grosse, elle retranchera un peu de distance à cause de sa friction dans les anneaux.
Le poids de la tête de la soie
Le poids des soies est standardisé, sur les premiers 30’, selon les normes établies par l’AFTMA (American Fishing Tackle Manufacturers Association). L’unité de mesure est le grain. Pour une soie #8 dite « standard », la valeur nominale est de 210 grains avec une tolérance allouée de +/- 8. Donc, 202 à 218.
Le match équilibré « Canne-Soie » est trop fréquemment négligé et laissé au hasard, devenant la plupart du temps source de déception, de frustration et même de dépenses inutiles. Afin de pouvoir tirer le plein potentiel des cannes de plus en plus rapides et performantes, cannes utilisées majoritairement par les saumoniers, la plupart des compagnies offrent maintenant des soies qui dérogent du maximum de ces tolérances. On retrouve des soies plus lourdes d’un demi-point, d’un point et même de deux points. Considérant la tolérance totale allouée de 16 grains d’une soie #8, un demi point plus lourd « half-size heavier » signifie la demie de cette tolérance, donc 8 grains. Or, si on ajoute ce poids au maximum de l’AFTMA, on obtient une soie sur ses premiers 30 pieds de 218+8 = 226 grains et ainsi de suite. Ces soies légèrement plus massives améliorent, en un seul arraché, le chargement de ces puissantes cannes, permettant de remettre la mouche en position de pêche plus efficacement. Idéales également pour l’évolution du novice, elles permettent de mieux sentir la soie charger la canne même avec quelques erreurs au lancer. Un tel combo diminue la fatigue en permettant de réduire le nombre de faux lancers, optimisant le temps de pêche. La distance, la performance dans le vent et la propulsion de grosses mouches « bombers », sont favorisées puisque la masse de la tête compense mieux la résistance de l’air de celles-ci.
Plusieurs saumoniers s’entendent sur le fait qu’un combo canne-soie #9 est plus performant pour la propulsion de gros «bombers» bien dodus avec leurs longues ailes séparées ou de très grosses mouches noyées. Mais maintenant, grâce à ces soies d’un à deux points plus lourdes, une canne #8 le fait avec pratiquement autant d’aisance. Ces têtes ont un poids sur les premiers 30 pieds, se rapprochant ou même équivalant à celui d’une soie #9, mais sur leur longueur totale, ont un poids balancé pour une canne #8. Plus la mouche offre de résistance à l’air, plus la masse et l’énergie pour la propulser doivent être grandes. Donc, ces soies sont tout indiquées lorsqu’on utilise de telles mouches. Par conséquent, ces soies légèrement plus lourdes font une agréable différence au bout d’une longue journée de lancers. D’un autre côté, une tête trop lourde installée sur une canne à action plus lente la fera fléchir plus profondément, même parfois excessivement et occasionnera au lancer des boucles plus larges et moins efficaces (Figure 2.1B) réduisant la vélocité de la soie et créant même d’indésirables boucles croisées « Tailing loops » (Figure 2.1C). Pour ces cannes, une soie plus près du poids nominal de l’AFTMA est à préconiser. Notons que la profondeur de chargement d’une canne est différente selon les préférences de chacun. Parfois, seulement l’ajout d’un bas de ligne en polymère de type « polyleader » au bout d’une soie peut améliorer la performance d’un ensemble au goût du pêcheur. Un « polyleader » en version flottante ou callante, de par sa masse, devient une extension de la soie et donc transfert mieux l’énergie vers la mouche qu’un bas de ligne de monofilament conventionnel. Ce type de bas de ligne est un outil efficace pour retourner avec fluidité les plus grosses mouches (bombers, noyées). Cette masse additionnelle permet de sensiblement mieux charger la canne lors du lancer. Rien de tel qu’un bon essai…
Longueur totale de la tête
À la pêche au saumon, afin de minimiser le « stripping » de la tête avant de relancer, la longueur de celle-ci devrait idéalement couvrir la majeure plage de distances de pêche. Ainsi, la tête de la soie ne sera que rarement sortie en totalité hors du scion de la canne. Par exemple, si les distances de pêche habituelles, autant à la sèche qu’à la noyée, se situent entre 25’ et 65’ incluant le bas de ligne, une tête d’environ 50’ au total serait parfaite pour couvrir cette plage. Un profil de soie polyvalent favorisant de bonnes performances lors des lancers rapprochés, donc avec un fuseau avant et un corps relativement courts. Un long fuseau arrière jumelé à ces derniers permettra de couvrir tout l’éventail de distances avec stabilité et précision, tout en facilitant grandement l’arrachée de la soie à distance (Figure 2.3). Un profil de même longueur comme celui de la figure 2.0 conviendrait bien également dans cette situation. Cependant, celui-ci étant moins puissant vu la concentration du poids vers l’arrière de la tête et le long fuseau avant, il sera plutôt indiqué pour des applications de présentation fine et délicate avec de petites mouches pour des conditions nécessitant plus de furtivité. Il est faux de croire qu’une telle longueur de tête, 50’ pour cet exemple, est strictement orientée vers des performances à longue distance et réservée pour le lanceur expérimenté. La longueur du corps de la soie et la répartition de la majorité de son poids sont de meilleurs indicateurs pour déterminer à partir de quelle distance votre canne prendra vie. Selon les rivières visitées et les techniques de pêche utilisées par le saumonier, une tête de longueur et de profil différent pourrait mieux convenir.
En conclusion, on doit se rappeler qu’à la pêche au saumon, le contrôle, la présentation et la précision supplantent de loin la distance, il semble plus facile d’y voir clair à travers le vaste tableau de soies accessible sur le marché. Les fabricants offrent des outils développés pour nous faciliter la tâche et, surtout, pour augmenter notre pur plaisir lors de nos précieuses sorties. Certes, une soie à profil général offrira relativement de bonnes performances, mais une soie conçue pour nos besoins de saumonier serait idéale.
Saisir entre nos mains, pour un instant, ce noble et précieux Roi des eaux… Ainsi «SOIE» t-il!
LE LANCER SPEY… ICI POUR RESTER!
Texte : David Bishop
Au fil des dernières années, la plusieurs d’entre vous ont probablement remarqué le nombre grandissant de pêcheurs à la ligne qui utilisent une canne Spey ou à deux mains, sur les rivières du Québec, de l’Ontario et des Maritimes. Si ce type de pêche, connu par la majorité des gens sous le nom de « Spey », est relativement récent au Québec, sa popularité est sans cesse grandissante depuis déjà plus d’une vingtaine d’années dans l’Ouest canadien. La cause de sa migration lente vers l’Est reste inconnue, mais une chose est certaine : les pêcheurs ont adopté cette technique pour de bon.
Alors que l’intérêt porté à cette technique de lancer à deux mains s’accroît, il semble opportun d’expliquer en quoi consistent la pêche en Spey et ses différents lancers, ainsi que de voir l’équipement adéquat selon le style choisi. Commençons par vanter les mérites de cette technique pour vous inciter à l’adopter, ou du moins l’essayer si ce n’est encore fait!
Les avantages du lancer Spey
Dans l’Est, la pêche en Spey est de plus en plus populaire auprès des pêcheurs au saumon atlantique et au steelhead, et ce, en raison de plusieurs facteurs.
D’abord, la canne à deux mains permet au pêcheur de couvrir une plus grande surface sur l’eau, avec plus d’efficacité et d’efficience que la canne à une main. Ensuite, l’apprentissage du lancer à deux mains est assez facile, surtout si l’on connaît déjà la technique à une main. Finalement, les gens s’y intéressent davantage, car une fois qu’ils acquièrent la méthode, ils peuvent effectuer de très longs lancers leur permettant de pêcher à des endroits dont l’accès leur était auparavant impossible. D’ailleurs, une bonne partie du plaisir est de lancer de longues boucles serrées pendant les longues journées de pêche qu’exige souvent la capture de ces poissons.
Non seulement la canne Spey offre-t-elle l’avantage d’effectuer de plus longs lancers sans déployer autant d’efforts, mais elle permet de propulser de plus grosses mouches plus facilement, et en bien moins de coups qu’une canne à une main.
Et bien des personnes veulent passer à la canne à deux mains pour la simple raison qu’elle fatigue moins les bras et les épaules que la canne à une main. Pour ceux qui souffrent de problèmes d’épaule ou de coude, vous vous rendrez certainement compte que le fait de vous servir de vos deux mains réduit l’impact sur votre corps et vos membres. Pour franchir la même distance, vous devez effectuer possiblement trois ou quatre faux lancers avec une canne à une main contre un seul lancer avec la Spey. Pensez-y : vous économiserez ainsi plus d’un tiers, voire la moitié du travail!
Votre curiosité est piquée? Poursuivez donc votre lecture…
Trois styles de lancers
Il existe en principe trois styles de lancer Spey : la première et la plus ancienne de ces « écoles », soit la traditionnelle; la deuxième, appelée scandinave ou « en main basse » (underhand cast) puisque l’accent est mis sur la main inférieure; et la troisième, dite skagit. Dans tous les cas, la canne est tenue à deux mains. C’est donc le type de soie qui les distingue. Nous tenterons d’entrer davantage dans les détails, mais prenez note qu’aucune règle n’impose l’utilisation d’un seul type de soie avec une canne en particulier.
Le style « traditionnel »
Le style traditionnel est mieux adapté aux longues cannes, soit celles de 13 pieds et plus, et aux soies à fuseau de longueur moyenne (mid-spey) à longue (long fuseau ou long belly). Vous pouvez utiliser certains bas de lignes en poly (polyleaders) intermédiaires ou à bout plongeant, mais ce dernier type convient probablement mieux aux styles scandinave et skagit quand on en fait un usage régulier.
La technique traditionnelle est particulièrement appropriée sur les grandes rivières, où vous avez un peu d’espace derrière vous. Bien qu’en style traditionnel, la soie ne se trouvera jamais complètement derrière lors du lancer, le mouvement n’est pas aussi serré ou compact que le lancer skagit ou scandinave.
Habituellement, les cannes traditionnelles sont à action lente ou modérée. Pour maximiser leur performance dans nos rivières, la longueur idéale devrait se situer entre 13 et 15 pieds. Les poignées avant et arrière sont aussi généralement plus longues que sur les cannes scandinaves.
Quoiqu’on puisse effectuer de longs lancers et couvrir de grandes superficies d’eau grâce à la canne traditionnelle, on peut plus difficilement l’utiliser avec des têtes plongeantes, comme il a été mentionné plus haut. Mieux adaptée aux lancers avec des soies à fuseau de longueur moyenne (mid-belly), cette canne peut toutefois propulser les têtes de lancer typiques aux cannes de type scandinave, tant qu’elle est utilisée avec un bas de ligne en poly.
Certains trouvent la poignée longue plus confortable que celle de la canne scandinave : choisissez donc le type de canne en fonction de la poignée et de l’action que vous préférez puisqu’elles peuvent toutes lancer les têtes scandinaves!
Le style « scandinave »
Le lancer scandinave ou en main basse est agréable et plutôt simple à maîtriser. Il s’agit sans doute du style idéal pour la plupart de nos rivières, qu’elles soient petites ou grandes, surtout celles dont les berges sont hautes ou qui sont bordées par de nombreux arbres. En raccordant des têtes plus courtes à une soie de raccordement (running line) pour effectuer les lancers et présenter la mouche, le pêcheur n’a pas à décrire un mouvement aussi large que le style traditionnel, ce qui lui permet de lancer dans un espace très confiné.
Ces cannes sont habituellement à action modérée ou rapide. Tout comme les traditionnelles qui peuvent également lancer des soies scandinaves, la plupart des cannes de style scandinave peuvent propulser les soies à moyen ou à long fuseau.
Rappelez-vous donc que votre choix de canne ne devrait pas être dicté par le type de canne que vous utiliserez, mais plutôt par la vitesse d’action que vous préférez quand vous pêchez avec votre canne à une main.
Les poignées des cannes scandinaves sont généralement plus courtes et larges à l’avant, et plus courtes à l’arrière que celles des cannes traditionnelles puisque la main qui occupe la position inférieure sur la canne est la plus active lors du lancer.
Les cannes scandinaves sont généralement conçues pour lancer des têtes courtes ou moyennes, avec ou sans bas de ligne poly, malgré qu’elles fonctionnent parfaitement avec ce genre de bas de ligne.
Notez que si en ce qui a trait à l’action et aux poignées, les cannes scandinaves se distinguent à peine des traditionnelles, elles sont toutefois différentes sur deux points. D’abord, elles requièrent une pression beaucoup plus forte de la main inférieure pour effectuer le lancer, et deuxièmement, les soies ne sont en fait que des têtes de lancer, ce qui facilite l’arraché et l’allongement de la ligne lors du lancer.
À partir de mon expérience comme pêcheur et guide sur nos rivières de l’Est, je dirais que la longueur parfaite de la canne pour la pêche en style scandinave se situe entre 12 pieds 6 pouces et 13 pieds 6 pouces, 13 pieds constituant un bon compromis si vous n’en possédez qu’une seule. Les cannes plus courtes, par exemple entre 11 pieds 6 pouces et 12 pieds, sont agréables à lancer sur les petites rivières; cependant, elles ont du mal à propulser les têtes scandinaves de longueur moyenne ou les soies de fuseau traditionnel moyen (mid-spey). Si vous optez tout de même pour une canne moins longue, la portée de votre lancer et la taille de la mouche que vous propulsez seront limitées.
Le style « skagit »
La troisième école de lancer spey, la skagit, a été inventée dans l’Ouest canadien et américain. Elle est née du besoin de déposer de grosses mouches lourdes en profondeur dans les eaux à débit élevé, lors de la pêche au steelhead. Très efficace dans les rivières de la côte Ouest, où les mouches plombées sont permises et les grandes rivières aux eaux rugissantes constituent la norme, le style skagit est plus ou moins intéressant dans l’Est, à moins que vous ne pêchiez qu’avec des soies plongeantes.
En général, les soies skagit sont beaucoup plus lourdes que les soies à fuseau moyen (mid-spey), les soies à long fuseau et les têtes scandinaves. Vous pouvez utiliser les soies skagit flottantes, mais elles sont plus encombrantes et plus bruyantes lorsqu’elles se posent sur l’eau que les autres types de soie. Par ailleurs, le style de lancer est moins délicat que le scandinave ou le traditionnel.
Au lieu d’utiliser principalement les lancers Spey simples (single Spey) ou (Snap T), le style skagit, habituellement plus brusque et beaucoup plus ancré dans l’eau, exige souvent un « perry poke », une sorte de faux lancer sur l’eau, précédant le véritable lancer avant, particulièrement avec les têtes ou les bas de ligne assez plongeants. Cette technique risque de faire plus de tourbillons, faisant craindre à certains que cela n’effraye les poissons dans les eaux très claires. Pour ma part, je n’adhère pas à cette théorie, mais respecte le choix d’utiliser systématiquement des soies flottantes avec les cannes scandinaves ou traditionnelles munies de soies à fuseau moyen (mid-spey) sur nos rivières.
Le choix de l’action, en regard de la soie et de la canne, peut s’avérer complexe pour certains à cause de leur grande variété. En deux mots, cette décision n’a pas vraiment d’importance. Les cannes à action rapide ou lente lanceront toutes les sortes de soie; toutefois, celles à action rapide sont plus compatibles avec les soies scandinaves ou skagit, tandis que les cannes à action lente sont mieux assorties aux mid-spey. En fait, c’est à vous de sélectionner l’action et la poignée que vous préférez, mais nous y reviendrons plus tard.
Le choix de l’équipement
Les cannes
Notez que les cannes Spey sont parfaites pour la pêche à la mouche noyée, mais pas à la mouche sèche. Dans la plupart des cas, elles sont trop longues pour bien ancrer l’hameçon lors du ferrage, en plus de ne pas présenter la mouche aussi bien ni aussi facilement que la canne à une main. Mis à part cet inconvénient, il s’agit de la canne idéale pour la pêche au saumon ou au steelhead.
Voici ce que je recommande comme marche à suivre lorsque vous choisissez la configuration de votre première canne à deux mains. Comparez d’abord, côte à côte, une canne scandinave munie d’une poignée scandinave et une traditionnelle à poignée traditionnelle. Vous remarquerez presque toujours une différence : les poignées scandinaves ont tendance à être courtes et plus larges, tandis que les traditionnelles sont plutôt longues et minces.
Un nombre croissant d’entreprises agencent la poignée des cannes selon chaque style de lancer, bien qu’elles n’y soient pas tenues. La poignée courte de la canne scandinave aide à descendre la main supérieure pour effectuer un lancer en main basse, tandis que la longueur de la traditionnelle permet de maintenir une plus grande distance entre les mains pour un mouvement complet en traditionnel.
Déterminez donc la poignée et l’action que vous préférez. Je suggère une canne à action modérée ou modérée-rapide pour votre première canne à deux mains. Une fois votre choix arrêté, définissez la taille de la rivière dans laquelle vous pêcherez. Pour les petites et les moyennes, optez pour une longueur entre 12 pieds 6 pouces et 13 pieds 6 pouces. Si vous pensez plutôt pêcher dans de grandes rivières, vous feriez mieux de choisir une canne mesurant soit 13 pieds, 13 pieds 6 pouces ou 14 pieds. Certains aimeront également la distance qu’ils peuvent franchir avec des cannes entre 14 pieds 6 pouces et 15 pieds, mais je vous conseille tout de même d’en sélectionner une moyenne ou une plus petite pour votre première expérience.
Si vous voulez investir dans une canne haut de gamme dès le départ, allez-y, puisque vous vous habituerez à votre instrument au fur et à mesure que vous vous améliorez. Rappelez-vous cependant que vous n’avez pas forcément à dépenser beaucoup d’argent pour obtenir une première canne de qualité. Pour ceux qui ne savent pas si ce type de pêche leur plaira, je vous recommande de parler à un vendeur qui s’y connaît en la matière pour trouver une canne correspondant à votre budget.
Vous pouvez vous en procurer une à moins de 200 $, comme vous pouvez opter pour un modèle de qualité supérieure à 1100 $. Sachez qu’il existe également d’excellents modèles oscillant entre 350 $ et 650 $.
Les moulinets
Vous devriez probablement investir dans un moulinet à saumon à grand tambour, ou de grande capacité, pour votre canne à deux mains. En raison de sa longueur, ce type de canne est plus lourd que celles à une main, d’où le besoin d’avoir un moulinet pour équilibrer le tout. Pour ce faire, assurez-vous de faire votre choix une fois la soie et la ligne de réserve passées dans le moulinet. Tout bon vendeur devrait en avoir un à portée de main pour équilibrer la canne de votre choix.
Le prix d’un moulinet pour canne Spey peut s’élever à 150 $ ou plus, mais vous en trouverez certainement un que vous pourrez également fixer à votre canne à une main entre 250 et 395 $.
Les soies
J’ai déjà décrit quels types de soie sont offerts : les moyens ou les longs fuseaux traditionnels, les têtes scandinaves et les skagit. Ils trouvent tous leur utilité mais, après bien des essais, les têtes de lancer (shooting head), préférablement de type scandinave, constituent le choix le plus judicieux pour le néophyte et pour le genre de rivières que nous avons. Il s’agit d’un type très polyvalent que vous pourrez trouver dans toute une gamme de longueurs. Les têtes flottantes et intermédiaires se lancent très bien et supportent une bonne variété de bas de ligne poly ou de têtes plongeantes.
Les bas de ligne
Après avoir choisi votre configuration de canne, moulinet et soie, vous devez sélectionner les bas de ligne, en fonction du type de soie que vous utiliserez.
Si vous avez une soie à fuseau moyen (mid-spey) ou à long fuseau, optez pour un bas de ligne d’une longueur au moins équivalente à votre canne. Vous pouvez légèrement dépasser ce seuil. Si vous choisissez une configuration de type scandinave, optez plutôt pour un bas de ligne d’une fois et demie la longueur de la canne. Vous pouvez y aller avec un bas de ligne un peu plus court, par exemple entre 14 et 15 pieds; cependant, avec une soie scandinave flottante, vous devriez privilégier les plus longs. Bien entendu, si vous utilisez des bas de ligne poly ou à bout plongeant, optez pour un bas de ligne court, comme vous le feriez avec une canne à une main avec une tête plongeante.
Lorsque vous utilisez une soie flottante skagit, votre bas de ligne doit généralement être aussi long que la canne. La même règle par rapport aux bas de ligne courts s’applique à l’utilisation d’accessoires plongeants avec votre soie skagit.
L’apprentissage
Peu importe la configuration que vous aurez choisie, je vous recommande fortement de prendre le temps de suivre un cours d’introduction au lancer Spey, ou du moins d’acheter un DVD explicatif. Le lancer à deux mains est relativement facile à apprendre, comparativement à celui à une main. Toutefois, vous feriez mieux d’apprendre correctement les techniques de base, avant de développer de mauvaises habitudes.
Enfin, pour partir du bon pied, je vous encourage à consulter les nombreux livres et sites Internet intéressants traitant du lancer Spey, qui détaillent davantage les différents styles et multiples configurations de soie.
Je vous garantis une chose : une fois que vous aurez testé cette technique, vous constaterez certainement à quel point la canne à deux mains facilite le lancer et améliore l’efficacité de la pêche!
Faites plier vos cannes et crier vos moulinets!
Les pour et les contre de la canne Spey
Maintenant que nous connaissons mieux les deux types de cannes, on peut facilement dresser une liste des pour et des contre de chacune. Avant de prendre une décision, je vous conseille fortement de les lire attentivement puisqu’il y a bien des nuances qui pourraient influencer votre choix final, surtout si vous pensez utiliser votre canne presqu’exclusivement pour la pêche au saumon atlantique.
Avantages de la canne Spey
- Les cannes de 12 pi 6 po à 14 pi permettent facilement des lancers sur de longues distances;
- Le pêcheur peut choisir le type de soie (flottante, à tête plongeante, intermédiaire et plongeante) en fonction du style de lancer sélectionné;
- Le pêcheur peut choisir parmi une multitude de lancers (par exemple le lancer traditionnel);
- Choix idéal pour les débutants afin de maîtriser le lancer Spey;
- Contrôle et amendement exceptionnels de la soie;
- Couverture d’une surface plus grande de l’eau par rapport à une canne plus courte;
- Excellent outil pour lutter rapidement et efficacement contre le poisson;
- Possibilité de lancer même avec des dégagements arrière limités (berges hautes ou encombrées).
Désavantages de la canne Spey
- Limitée au lancer à deux mains, même pour le lancer traditionnel;
- Option inappropriée pour la pêche à la mouche sèche;
- Difficulté accrue pour manipuler le poisson si l’on pêche seul;
- Plus lourde que la majorité des cannes courtes (selon le fabricant).
Les pour et les contre de la canne switch
Avantages de la canne switch
- Possibilité de lancer à une main;
- Plus légère que la canne Spey;
- Adéquate pour la pêche à la mouche sèche, mais pas aussi efficace que les cannes à une main; plus la switch est longue plus il est difficile de pêcher à la sèche;
- Choix de plusieurs types de lancers;
- Formidable pour pêcher à deux mains dans les petites rivières;
- Possibilité de lancer même avec des dégagements arrière limités (berges hautes ou encombrées).
Désavantages de la canne switch
- Lancers moins longs qu’une véritable canne à deux mains, même si on s’en sert principalement comme telle;
- Apprentissage du lancer Spey plus difficile pour les débutants; mieux adaptée aux initiés de la technique à deux mains;
- Difficulté accrue à manipuler les poissons quand on est seul, surtout avec les cannes très longues;
- Choix limité du type de soie;
- Outil inapproprié pour la pêche avec de grosses mouches dans les grandes rivières.
Bien que les deux types de canne me plaisent, je préfère (en ce qui a trait à la pêche au saumon atlantique dans l’est du Canada, c’est-à-dire, la plupart des rivières) la canne à deux mains plus longue. Mon raisonnement est simple : cette dernière est plus facile et plus efficace que les petites switch. En effet, pêcher avec une canne switch, qui est plus courte et dont la soie est plus légère, sur de grosses rivières à saumon s’apparente à utiliser une canne pour truite à la pêche au saumon. Vous vous amuserez pendant un certain temps, mais très rapidement, vous chercherez une canne plus efficace. Les switchs peuvent toutefois être utilisées sur de plus petites rivières ou, lorsque les eaux sont moins hautes, sur les grandes rivières où l’on utilise habituellement de petites mouches. Elles ont leur place sur le marché, c’est indéniable, mais je ne crois pas qu’elles puissent remplacer ni la canne à une main, ni la Spey traditionnelle pour l’instant!
En fin de compte, le choix devra être fait en fonction de vos préférences, du lieu de pêche et de l’espèce de poisson pêché. Pour ma part, en ce qui a trait à la pêche au saumon atlantique, je suis convaincu que les cannes à une main sont l’outil idéal pour la pêche à la mouche sèche, puisqu’elles sont plus légères et plus maniables, et les cannes à deux mains, parfaites pour la pêche à la mouche noyée en raison des distances qu’elles peuvent atteindre et du meilleur contrôle de la soie. Une chose est sûre, j’adore lancer. Si vous voyez une canne switch qui me permet de le faire aussi bien qu’avec une canne à une main ou à deux mains, vous me l’apporterez! En attendant, lorsque vous me trouverez en rivière, ce sera avec une canne Spey de 12 pi 6 po à 14 pi à la main lorsque je pêche à la mouche noyée, ou une canne à une main de 9 à 10 pi sur la rive pour lancer à la mouche sèche!
En terminant, veuillez prendre note que mon article concerne surtout la pêche au saumon atlantique sur nos moyennes et grandes rivières dans l’Est du Canada, mais retenez bien que les cannes switch peuvent se révéler très utiles et agréables dans les petites rivières pour les saumons, les truites, les truites steelhead et les achigans à petite bouche. Par ailleurs, je crois que la plupart des pêcheurs apprendront plus facilement à manier une canne à deux mains que les switchs, plus courtes. La switch devrait donc être la troisième canne à acheter dans l’évolution du pêcheur à la mouche.
CANNE SWITCH VS CANNE À DEUX MAINS
Texte : David Bishop
Avec des températures ayant atteint plus de 25 °C dans l’Est du Canada, en avril dernier, bon nombre de passionnés ont commencé à penser à l’imminente saison de pêche au saumon atlantique. La tête à pêcher plutôt qu’à pelleter, je réfléchis depuis un bon moment déjà à la façon d’aborder l’un des sujets les plus chauds de notre petite communauté : la distinction entre la canne à deux mains, la « Spey », et la canne « switch ». La réponse paraît peut-être évidente, et pourtant, elle varie d’une personne à l’autre. Je ne prétends pas avoir la science infuse, mais j’espère tout de même vous éclairer quant aux différences et aux avantages de chacune d’entre elles. Mon but ultime est de vous aider à effectuer le meilleur choix possible lorsque vous achèterez une (ou plusieurs!) nouvelle canne.
Comme je l’ai mentionné dans mon dernier article pour le magazine Saumons illimités à l’automne 2011 (numéro 91), la canne à deux mains ou Spey (terme que j’utiliserai dorénavant) a été conçue et, au départ, principalement utilisée dans les hautes berges d’Écosse et du Royaume-Uni, où le peu d’espace pour lancer derrière soi a forcé les pêcheurs à mettre au point la technique Spey. Cette approche consiste essentiellement à présenter ses offrandes aux poissons au moyen d’un lancer qui n’utilise pas d’espace derrière le pêcheur. Pour ce faire, celui-ci effectue une manœuvre très semblable au lancer roulé (roll cast), l’eau servant toujours de point d’ancrage pour propulser la mouche vers l’avant, mais le mouvement est beaucoup plus dynamique. Au fil des années sont nés plusieurs styles de lancer Spey : le traditionnel, le Dee, le Scandinave (underhand), le skagit et l’hybride. En fait, il doit exister dix lancers différents avec la canne Spey, mais ce sujet nécessiterait un article à lui seul.
Avant de poursuivre, sachez que même si l’on associe généralement le lancer Spey à la canne à deux mains, il est toutefois possible d’utiliser la canne à une main, plus courte que la première, pour effectuer ce lancer. Et même si l’on exécute habituellement le lancer Spey avec ces longues cannes, beaucoup de gens optent pour le lancer conventionnel (overhead casting). Ce sera à garder en tête lorsque nous reviendrons aux caractéristiques et aux avantages des deux types de cannes.
Quelle est donc cette fameuse différence entre la « vraie » canne Spey et cette nouvelle switch dont tout le monde parle? Avant de vous en donner mon interprétation et ma définition, il faut savoir que, en Europe et au Royaume-Uni, ces deux types de cannes se nomment « Spey » ; là-bas, elles sont seulement classées selon leur longueur. Le terme « canne switch » viendrait de Bob Meiser, un fabricant de cannes sur mesure de l’Oregon. En gros, sa définition de la canne switch est la suivante : « La switch est une canne à deux mains courte, pour la pêche à la mouche, qui présente l’option d’être utilisée à une main si le lanceur le désire ou si les conditions l’exigent. » Je tenterai, pour ma part, de compléter sa définition en l’adaptant aux besoins de la pêche au saumon atlantique dans nos rivières de l’est du Canada. Tenez compte du fait que mes conseils s’appliquent au choix de canne pour ce type de poisson en particulier, et non à d’autres espèces.
Les différences
Afin de mieux comprendre les différences, définissons d’abord les types de cannes pour la pêche à la mouche. Il y a, à la base, deux familles : les cannes à deux mains et celles à une main. Elles se distinguent par la disposition des poignées. Le premier type a une poignée supérieure et une inférieure tandis que le deuxième n’a qu’une poignée supérieure. C’est tout simple. Selon cette distinction, à mes yeux, la switch est donc une canne à deux mains. Après tout, la majorité des pêcheurs utilisent leur switch avec les deux mains la plupart du temps! Regardons de plus près maintenant les caractéristiques de chacune de ces cannes.
Selon ma définition, la canne Spey est munie d’une poignée avant et d’une autre arrière et doit être maniée avec les deux mains. Elle mesure 12 pi 6 po ou plus, et est surtout utilisée pour la pêche à la mouche noyée qui s’ancre à l’eau et ne se déplace pas derrière le pêcheur. La plupart de ces cannes ont une soie numéro 7 ou plus. Elles peuvent être utilisées avec une soie flottante, plongeante, à tête plongeante ou intermédiaire. Il y a plusieurs styles de lancers possibles avec la canne Spey, les plus populaires étant le style traditionnel, le Scandinave (ou en main basse dit underhand) et le skagit, le pêcheur pouvant choisir le style le plus avantageux selon le contexte.
Selon ma définition, la canne switch mesure entre 10 pi 6 po et 11 pi 6 po et dispose d’une poignée avant et d’une autre arrière. Elle sert surtout, mais pas exclusivement, à la pêche à la mouche noyée avec une soie variant entre les numéros 4 et 8. En fonction de l’action de la canne et de ce pour quoi elle a été conçue, la canne switch permettra habituellement au pêcheur d’effectuer des lancers de type Spey, mais restera suffisamment légère pour exécuter des lancers traditionnels à une main lorsque cela peut être à son avantage.
En ne tenant compte que de ces deux définitions, les cannes switch sont plutôt séduisantes! Toutefois, il ne faut pas se leurrer! Je crois effectivement qu’elles ont leur place, mais il ne faut pas se précipiter au magasin pour en acheter une avant de savoir quelle espèce de poisson et quelle taille de rivière nous avons en vue. La prochaine question est de savoir si l’on planifie de pêcher à une ou deux mains. Si la réponse est une main, cet article ne vous concerne pas et vous feriez mieux de retourner à votre bonne vieille canne! Croyez-moi, vous venez d’économiser quelques centaines de dollars! Si par contre la réponse est deux mains, vous trouverez en page suivante les avantages et désavantages des deux types de canne.